Abidjan (Côte d’Ivoire), le 03 avril 2024 – Le Ministre Gouverneur du district d’Abidjan, Ibrahim Cissé Bacongo, lance la traque aux vendeurs à la criée ambulants, aux mendiant et aux charrettes locales (pousse-pousse) pour assainir le cadre de vie urbain.
C’est effectif, des moyens seront déployés pour redonner aux artères de la capitale économique ivoirienne une certaine sérénité, et une sécurité. C’est en croire la volonté des autorités du district d’Abidjan. Cette mesure risque de faire beaucoup grincer. Mais on assure du côté des officiels que c’était une nécessité. « Cette décision, prise dans le cadre de la lutte contre le désordre urbain, vise à assainir le cadre de vie des populations et à garantir leur sécurité, tout en favorisant une meilleure fluidité routière », peut on lire dans le communiqué du District autonome d’Abidjan.
« On est obligé de s’adapter à leur présence sur la voie, ils se faufilent entre les véhicules sans peur, et nous indisposent dans la conduite. Je pense que c’est une bonne initiative. » nous a confié Arthur Blon, cet automobiliste rencontré sur le boulevard Latrille, dans la commune de Cocody.
Une question de sécurité médicale
Mais au delà même de la sécurité routière, c’est aussi une question de sécurité sanitaire, on peut le dire. Ces vendeurs exposent des produits de consommation qui mériteraient d’être conservés et vendus autrement qu’en pleine rue comme c’est le cas. Aucune garantie quand à la qualité des aliments, la qualité du dispositif hygiénique qui a prévalu à sa conception, etc. Les usagers pensent avoir des produits à moindre coûts, mais ils s’exposent à des risques sanitaires. Les produits vendus sont aussi très souvent des produits périmés, ou contrefaits, qui passent par des réseaux parallèles pour se retrouver sur ces marchés à la criée, sans contrôle. Une filière de contrefaçon sur laquelle l’Association des Journalistes Economiques et financiers de Côte d’Ivoire avait même menée une enquête inédite.
Un gros manque à gagner financier pour l’Etat
Au delà des aspects sécuritaires, c’est aussi un gros manque à gagner pour l’Etat ivoirien au plan financier. « Cela n’a l’air de rien, mais si vous prenez le temps de regarder tout ce qui est vendu sur les grandes voies d’Abidjan vous serez surpris de savoir que ce sont des dizaines de milliards qui s’y écoulent chaque jour. Une étude qui sera bientôt rendue publique le précise d’ailleurs » nous confie un journaliste économique ivoirien. « Vous trouvez au bord des voies des gens qui vous vendent des Iphone dernières génération, des montres de luxes, des tablettes, des accessoires de sport, des bijoux, des accessoires auto, etc… à des prix exorbitants. Et cela sans garantie, sans facture. Et tous ces objets sont généralement des contrefaçons entrés illégalement sur le territoire, et donc non déclarés. et comme ils ne peuvent être mis dans le circuit normal, ils sont vendus ainsi aux abords des routes. Ne voyez pas que les petits vendeurs, ce sont des réseaux bien structurés. » nous précise encore ce journaliste.
Et la question de ces enfants, mineurs, que les parents poussent à la mendicité
De plus en plus les carrefours, et aux feux tricolores, des mineurs, des enfants à très bas âges abordent les automobilistes pour leur demander quelques petits sous des pratiques gênantes quand on sait que bien souvent les parents ne sont pas loin cachés à observer ces enfants à l’oeuvre, et le soir ils font le point de la journée. Des enfants bien souvent forcés de le faire, au lieu d’aller à l’école comme leurs camarades. Autant de motivations qui poussent les autorités à prendre leurs responsabilités.
C’est bien vrai que des petits métiers seront touchés, mais il était temps d’assainir. Les autorités devraient aussi imaginer des mécanismes de réinsertion de ces personnes qui par manque d’opportunités, et d’alternatives, n’ont que ces moyens de subsistance.
SS/LBD
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